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COLLOQUES


L’ESPRIT LATIN SOUFFLE-T-IL ENCORE SUR LA PENSEÉ ?
De l’aura spécifique du latin chez quelques écrivains contemporains

Cécilia Suzzoni, Lycée Henri IV


Parler aujourd’hui de l’aura du latin, ce langage fondamental de la tradition classique, tradition dont nous sommes sortis, peut paraître curieusement anachronique : la disparition silencieusement programmée de cette vieille langue ne suscite guère de remarquables échos, tout au plus un désenchantement que l’on pourrait se contenter de mettre au compte d’esprits chagrins, ces laudatores acti temporis, qui à rebours de leur temps, et quel que soit ce temps d’ailleurs, n’en finissent pas de déplorer l’ordre perdu des anciennes hiérarchies ! Mais outre que le terme même d’aura, si nous le prenons dans l’acception que lui donnait Walter Benjamin, ce rayonnement du lointain, pourrait suffire à entretenir, littérairement parlant, une féconde nostalgie, il se trouve que d’autres facteurs invitent à poser hardiment le latin comme l’espace désirable du littéraire, à en faire cette « affaire importante » — l’expression, est de Michel Deguy —, qui oblige à revisiter, dans une « neuve atmosphère », les liens particuliers, privilégiés que le latin a toujours entretenus avec la chose littéraire. Je serai aidée dans ma démonstration par quelques « Antimodernes de charme » qui, aujourd’hui comme hier, voient dans le latin la source d’une dimension définitivement verticale et monumentale de la langue française, et d’une grande partie de sa littérature ; ce sont des écrivains, des poètes contemporains dont je voudrais interroger le rapport au latin ; je viens de citer Michel Deguy, j’évoquerai Yves Bonnefoy, Julien Gracq, dont le souci du latin est allé grandissant, Pierre Michon, Pascal Quignard ; des philosophes aussi, des historiens ; et il me semble qu’enrôler, légèrement en amont, Paul Claudel, René Char, Francis Ponge, Claude Simon, et quelques autres, ne sera pas anachronique. On m’accordera volontiers que l’épithète contemporain, dans l’espace plastique de la littérature, jouit d’une confortable amplitude!

 

D’ailleurs, si la littérature française, de Montaigne à Valéry, est dans une large mesure une littérature latine, il est plus intéressant encore de remarquer la latinité profonde, lors même que conflictuelle, des trois grands poètes modernes du XIXe, ceux-là mêmes qui ont le plus contribué à porter la langue « en avant » : Hugo, Baudelaire, Rimbaud. Et s’il est vrai, comme le dit superbement Hugo dans Tas de Pierres que « Les poètes seuls parlent une langue suffisante pour l’avenir », alors il faut, avec eux, dans leur sillage, interroger cette aura du latin, débarrassés de tout complexe frileusement patrimonial, ou obsidional, comme de ces contentieux, souvent truffés de mauvaise foi, qui ne sauraient entretenir aujourd’hui qu’une molle et intempestive querelle des Anciens et des Modernes. Car Il y a belle lurette que le latin n’est plus instrumentalisé à des fins de sélection sociale, belle lurette qu’on ne saurait l’enrôler au service de l’autorité, du pouvoir, de l’église, trace fossilisée de nos vieilles humanités… Je situerai donc résolument la réflexion en marge de ces fausses polémiques ; la chose sera d’autant plus aisée qu’on ne peut guère soupçonner les écrivains et penseurs que je vais évoquer de vouloir se faire les chantres d’une latinité académique, celle que déjà fustigeait Sainte-Beuve, dont « l’écoute latine », était affranchie des lectures paresseuses des néo-classiques. J’ajoute enfin que mon propos sera celui d’un professeur de lettres en Classes Préparatoires littéraires, généraliste, donc : je ne suis spécialiste d’aucun des auteurs que je vais évoquer, et il s’agira moins d’interroger la trace précise du latin dans tel ou tel corpus que de signaler la résonance de l’impact de la langue latine dans le tissu de l’œuvre ou dans le discours tenu sur les œuvres.

Ce souci du latin, qui confine parfois à la dévotion, je le fais reposer — ce sera le premier point de la réflexion —, sur le constat, d’abord linguistique, que le français, ce latin des modernes, comme on disait autrefois, a toujours eu le latin, sous et dans la peau, intus et in cute. Un latin, chose essentielle, devenu lui-même très vite, par les avatars de son histoire, langue « écrite », rien moins qu’orale, passée au « tamis » au « filtre » des écrivains et des poètes. L’aura du latin, chez les écrivains dont je vais parler, témoigne d’abord de la conscience de ce que Gracq appelle volontiers le tissu conjonctif de la littérature, en l’occurrence de ce continuum linguistique et poétique, où se joue, dit Foucault, dans son beau commentaire de la traduction de l’Énéide par Klossowski,  « Tout le long destin de la langue française »ii . Cette identité latine de la langue française, fruit d’une filiation complexe et trafiquée, est celle dont le poète Aimé Césaire, en quête, comme on sait, d’une identité non mimétique, se plaisait à dire qu’elle était rien moins qu’une prison identitaire, le contraire d’un « chez soi ».

J’essaierai ensuite de montrer que l’essentielle mélancolie de la grande poésie latine, ombre portée de sa belle vigueur, de sa vitalité, de sa vocation au rire et au persiflage, ce sunt lacrimae rerum virgilien, que Madame de Staël, dans son essai De la littérature, est sans doute la première à avoir distingué, et préféré, surtout, à l’idiosyncrasie de l’esprit grec, a fondé comme un mystère de la latinité, une Matière du latin, comme on dit la Matière de Bretagne, qui a nourri en profondeur, et donc continue de nourrir, « L’identité littéraire de l’Europe »iii ; chez les écrivains contemporains, encore férus de latin, cette Matière nourrit moins une idéologie qu’un imaginaire ineffaçable. La croyance suspendue, reste posée la question du traitement des reliques, dit Michel Deguy, de ces mots latins, qui viennent à nous, du plus lointain, étranges et familiers, comme des visages d’ancêtres, renchérit Pascal Quignard.

Enfin, et pour ressaisir ce qui, chez ces mêmes écrivains, ressortit à ce qu’on pourrait tout simplement mettre au compte du souci, essentiel, de la transmission, je m’interrogerai pour finir — mais, faute de temps il s’agira plutôt d’une vaste conclusion —, sur cette formidable réserve de sens et de savoir que nous lègue l’esprit latin, constat qui rend particulièrement étourdi, pour ne pas être plus sévère, l’effacement du latin comme référence culturelle majeure de notre enseignement général. De fait, la prégnance têtue du paradigme latin s’impose comme une évidence, de Chateaubriand à Jacques Derrida, pour citer, mutatis mutandis, deux penseurs de la modernité, sous la forme d’un dépôt de savoir indispensable à toutes les disciplines de la mémoire et du langage.

Le latin : l’espace désirable du littéraire

Il y a chez les écrivains que j’ai mentionnés, et quelles que soient les différences, grandes, d’une œuvre à l’autre, le sentiment que le latin entretient avec le français des liens indéfectibles. C’est, par exemple, du sentiment d’une « provenance latine », que Michel Deguy se réclame quand on lui fait remarquer que « (sa) pensée et (son) écriture recréent à leur manière l’avènement poétique de la latinité », à propos, entre autres, de ce que le poète appelle « mes mots latins », Desolatio, Consolatioiv. Il s’agit non seulement de faire valoir le constat linguistique d’un latin langue souche du français, mais aussi de spéculer sur les conséquences de ce long compagnonnage entre le latin littéraire, son précieux rival, et le français, langue vernaculaire. Je m’appuie ici une nouvelle fois sur l’ouvrage du linguiste Bernard Cerquiglini : Le français, une langue orphelinev qui a montré le lien toujours amoureusement conflictuel et toujours renaissant entre le latin et le français, dans le processus même d’émancipation de l’idiome national.  Un latin dont on sait à quel point son histoire se confond avec celle de la langue littéraire, à tel point que la langue latine, conçue comme un ars grammatica, devient très vite une histoire des styles (Je renvoie, ici, pour de plus amples précisions, à l’histoire de la langue latine, de Jacqueline Dangelvi). C’est ainsi que le critique Mikhaïl Bakhtine, dans son essai sur Esthétique et théorie du roman, pouvait dire, à juste titre, à propos du latin de Cicéron — qui devait jouer le rôle que l’on sait dans l’essor de la grande prose française — qu’il s’agissait moins d’une langue que d’un style. On mesure alors la justesse du propos de Gracq : «  Cette langue qui, en nous parvenant à travers le tamis des chefs-d’œuvre, semble n’avoir été parlée que par des écrivains »vii.

Le latin, la première langue moderne qu’ait connue l’Europe, les humanistes ont voulu le fixer dans la pureté de son acmé classique, « tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change », lui conférant ainsi la chance de devenir une langue morte (toutes les langues vivantes n’ont pas eu, n’auront pas cette chance… ), c’est-à-dire éternellement vivante d’avoir été. C’est ce latin littéraire qui a été érigé en France en modèle littéraire d’un idiome national auquel le pouvoir royal entendait assurer un prestige au moins aussi égal à celui de la langue mère. Ce latin toujours revisité, riche de tous les débats qu’il a suscités, fer de lance d’un humanisme moderne qu’il a contribué à inventer, est à l’origine de ce commerce étroit entre les deux langues, commerce si intime — processus répétés de latinisation en particulier — que, fût-ce à notre insu, nous avons tous le latin « sur le bout de la langue », pour reprendre la métaphore de Pascal Quignardviii. Le propos de Brunetière : « Le latin ne sera jamais pour nous une langue étrangère » : rien, sur le plan épistémologique, n’est venu le démentir.

C’est ce latin qui enchante Francis Ponge, source d’un véritable travail qui a ennobli l’idiome maternel, lequel en a hérité pour toujours sa force de « pavé », son aura quasi muséale : « Quelle fierté pouvons-nous concevoir de parler encore à peu près la même langue qu’alors »ix. Son Pour Malherbe, que je viens de citer, n’est rien d’autre qu’une méditation sur la dimension muséale, monumentale, de la langue française, dont Ponge a la géniale intuition que, via le latin, elle a acquis en l’œuvre de Malherbe ses lettres de noblesse à devenir une langue morte : « Lorsque la langue française sera devenue une langue morte, c’est seulement alors, je crois, qu’il — Malherbe — prendra sa véritable stature ». Méditation qu’allégorise l’image de « la maison fondée, bâtie, compavée ». Ce « donné littéraire français », revendiqué également par Valéry dans sa Préface à sa traduction des Bucoliques quand il rappelle que le latin n’est pas seulement le père du français, mais aussi son éducateur en matière de grand style —, Ponge en fait l’éloge sans complexe, avec un farouche patriotisme. Il est assez étrange de voir comment Gracq, par ailleurs souvent méfiant et critique envers ce qu’il appelle « le maniérisme de la prose française, tendue au cordeau par une syntaxe latine en forme de lit de Procuste », rend hommage à cette langue « qui — dit-il — semble être à la plupart des autres ce que la pierre de taille est au torchis ou au pisé »x : éloge on ne peut plus pongien que l’on retrouve aussi sous la plume de Claude Simon, quand dans son roman, L’herbe, il évoque « ces mots latins […] se commandant les uns les autres, ajustés aussi par cette syntaxe impérieuse, inventée sans doute en prévision des mutilations futures et à seule fin d’être reconstitués mille à deux mille ans plus tard, après avoir été dispersés, oubliés, enterrés, recouverts des ronces, submergés et redécouverts ». C’est ce même latin pavé, dont Gracq retrouve le poids tout à la fois sensuel et liturgique dans la poésie syntaxique et grammairienne de Baudelaire, qui fait d’elle, dit-il, « la voix la plus mûre, la plus âgée de la poésie française ». Et que l’on reconnaît dans sa propre prose, lui qui avoue « avoir toujours tendance, quand j’écris, à user de l’élasticité de la construction de la phrase latine »xi.

Cette fascination pour la belle langue muséale, pour la période héritée d’une latinitas achevée, peut d’ailleurs revêtir chez certains écrivains contemporains, ceux que Pierre Michon appelle les « métèques lettrés », au nombre desquels il se compte, bien sûr, une ambivalence très forte envers une langue qu’ils désirent d’autant plus s’approprier ou violenter qu’ils l’ont apprise, à l’instar de celles de Racine ou Hugo, comme une langue étrangèrexii ; et l’on se souvient que Jean Genet, amoureux pervers de la belle langue française, dit n’ « avoir jamais eu, comme compagnonnage poétique, que Baudelaire, Rimbaud, Nerval… ». Poètes contemporains d’une génération, comme on sait, « accablée » de latin ! Et j’ai essayé de montrer dans mon article sur Gracq, comment la prose même de Breton n’échappe pas à ce paradoxexiii. A croire que « Le plaisir du style, même dans les œuvres d’avant-garde, ne s’obtiendra jamais que par la fidélité à certaines préoccupations classiques », remarque Antoine Compagnon dans ses Cinq Paradoxes de la modernité. Cette saga amoureuse entre le latin et le français s’est nouée très tôt : Du Bellay compare ses poèmes en français à des enfants conçus dans le mariage par devoir conjugal, ses poèmes latins, au contraire, sont le fruit de l’amour libre, d’où cet aveu : « Illa quidem bella est, sed magis ista placet » — « celle-là — l’idiome maternel — est assurément belle, mais celle-ci — la langue latine — me plaît davantage ». Elle explique qu’aux yeux de ces écrivains et poètes français la langue latine reste garante de l’aura mémorielle des mots.

 Aussi voudrais-je conclure cette première étape de la réflexion en m’arrêtant sur le commentaire de Michel Foucault à la traduction si controversée de l’Énéide par Klossowski ; j’y vois en effet une magnifique illustration non seulement de la présence pérenne de Virgile dans notre horizon littéraire (on traduit encore Virgile au seuil du troisième millénaire) mais de la définition même que Pascal Quignard donne du poète : « Je laisse la langue où je suis avancer ses vestiges… ». Dans un bel article, « Rêver sa langue » , le poète et universitaire, Patrick Amstutz montre que, loin d’être un décalque effronté du latin, auquel on l’a souvent réduit, le projet poétique de Klossowski « use de mots français où le latin est venu creuser sa trace, mais aussi de mots qui remontent jusqu’aux rives médiévales » ; ainsi, « tout en bousculant notre rapport familier à la langue, en nous obligeant à nous estranger de notre langue, cette traduction nous invite à nous remémorer ce qui d’elle vit dans l’oubli »xiv.  Et je reviens à Foucault, que je cite : « Le retour soudain de nos mots aux sites virgiliens fait franchir à la langue française, en un mouvement de retour, toutes les configurations qui ont été les siennes et il nous permet de ressaisir  tout le long destin de la langue française »xv. Il y a, disait d’ailleurs Klossowski dans le préambule du Bain de Diane, écrit quelques années avant sa traduction de l’Énéide, « une latinité perdue… que nous portons dans notre sein mais que nous fuyons dans notre fallacieux grand jour. Là nous nous confions à notre langue vivante. Mais parfois se glissent entre deux mots d’usage quotidien, quelques syllabes des langues mortes : mots — spectres, qui […] dès que nous les abritons dans la pénombre de notre esprit, sont d’un intense éclat… »xvi. Patrick Amstutz souligne à juste titre que le latin « langue prismatique et uchronique » aura été pour Klossowski ce que l’anglais (et d’une certaine manière d’ailleurs le latin aussi, en tout cas un certain usage pervers de la syntaxe latine) a été pour Mallarmé : le moyen de rémunérer le défaut des langues.

C’est là, sans doute, dans cette mémoire qui se creuse, que le latin joue son rôle de « langue prévenante », en même temps que de langue mystérieuse, «langue plus avertie, algèbre de la parole en exil — avance à son tour Yves Bonnefoy dans L’Arrière-pays — langue, à la fois originelle et seconde, par quoi l’invention littéraire se détachera mot pour mot de la parole de tous les jours »xvii.

Le « sous-entendu » latin, une affaire de poètes

Il y a comme un beau paradoxe à constater que cette langue latine, langue des « instituteurs musclés de l’Europe », et sa littérature ont secrété les schèmes d’un imaginaire qui devaient gouverner, façonner pour longtemps les littératures européennes. Ernest Curtius en avait proposé une remarquable étude dans son ouvrage La littérature latine et le Moyen Age latin. Plus récemment le bel essai collectif : Identité littéraire de l’Europe, un ouvrage dont on s’étonne qu’il n’ait pas eu un plus grand écho, passe en revue tous les thèmes, littéraires, philosophiques, anthropologiques, qui ont progressivement structuré les grandes œuvres du patrimoine européen, et qui prennent leur source en particulier dans l’Énéide et Les Métamorphoses. D’où le diagnostic porté par George Steiner, dans son essai, Passions impunies, lorsqu’il évoque longuement la « vaste aura » de ce « sous-entendu » latin, au carrefour des études comparées en Europe :

Il serait difficile d’interpréter avec cohérence la rhétorique des littératures européennes, les notions fondamentales du sublime, de la satire, du rire qu’elles incarnent et qu’elles expriment, sans avoir nettement conscience du « sous-entendu » latin, de ces négociations ininterrompues, souvent quasi subconscientes, soit d’intimité, soit de distance, entre l’écrivain de langue vulgaire et son moule latin. Cette relation est aussi décisive chez Dante que chez Swift ou Dryden; elle est aussi cruciale chez Corneille que chez Valéry xviii.

Faute de temps, bien sûr, je focaliserai la réflexion sur ce que Bonnefoy a appelé le « Déjà Romantisme éternel » de la poésie virgilienne ; un romantisme qui nourrit la modernité de Victor Hugo, ce romantique dont la modernité ne s’est jamais départie d’une fidélité absolue à la poésie latine, celle de Virgile en particulier. Je soulignais dans une récente recension de l’ouvrage de notre collègue, Romain Vignest, Victor Hugo les poètes latins. Poésie et réécriture pendant l’exil, combien la poésie latine aura été véritablement l’atelier de création du poète, informant ses images les plus fécondes, des plus paisibles aux plus extravagantes. Une fidélité qui est encore celle de Baudelaire, particulièrement sensible lui aussi à « la fécondité du latin en tant que parole poétique originelle »xix ; dans un article sur Baudelaire poète latin, paru dans la revue Romantique, Corinne Saminadayar-Perrin a montré comment le poète des Fleurs du Mal joue entre mimétisme et perversion avec les réminiscences de vers latins : sensible, comme le seront après lui Valéry et Bonnefoy, aux ressources plastiques et musicales de la langue latine ; la prégnance dans son œuvre poétique d’une « latinité qui habite indéniablement la chair vivante du français » rejoint le souci de Valéry, dans Charmes, de creuser l’étymologie du mot pour lui faire exprimer tout son suc originel, mais elle se double d’une nostalgie lucide et désenchantée sur les pouvoirs ontologiques du Verbe ; sur cet «ailleurs irréductible de la promesse » dont parle Carlo Ossola quand il précise bien que le latin, s’il porte en lui le fantasme d’une origine, pour autant ne « localise » pas, ne se confond pas avec « l’ubi de la réalité »xx. Raison pour laquelle se retrouve chez Julien Gracq, dans les pages étonnantes qu’il consacre au « latin de son l’enfance », celui de la liturgie traditionnelle qui s’éloigne, dans ses Carnets du grand chemin en particulier, cette fascination pour les vers de Franciscae meae laudes dont « la gaucherie raffinée et savante » est « comme un comprimé des moyens de séduction d’une langue et d’une prosodie exquisement valétudinaires »xxi, paradoxalement rendues à ce que Baudelaire appelait justement « la grâce sauvage et baroque de l’enfance » . Ce latin mystérieux, dont il semble qu’il se rapproche de cette « pure langue » dont parle Benjamin, dans La tâche du traducteur, baigne dans une aura quasi sacramentelle.

Il ne fait pas de doute que c’est elle, ressourcée à l’urgence de la finitude, qui alimente la belle rêverie de Bonnefoy, quand, à l’occasion d’un parallèle entre l’Italie et la Grèce, il gratifie cette merveilleuse langue latine, qui le fascinait tant, de « ce contenu d’images irréductibles, de désirs, de passions étranges, d’extases aussi, que la chair et le sang ne cessent de faire naître »xxii. La langue grecque qui « établit avec le latin des rapports à la fois d’opposition radicale et de complémentarité spirituelle » est pour lui  « la langue de l’évidence, de la lumière, de l’ardente raison qui sèche les rêves ». Tandis que le latin, dans sa syntaxe vibrante comme des cordes tendues, sa résonante syntaxe, prend les couleurs des grandes images archaïques, venues du fond de l’inconscient, vert, rouge, noir, les couleurs, dit-il, de l’imagination désirante ; mais le rouge, avec le vert dont il « chante la gloire », n’est-il pas justement une de ces couleurs qui illuminent Les Phares, ce grand poème baudelairien où « la mémoire de la présence du monde » — que le vers virgilien des Bucoliques enseigne à Bonnefoy — ne renonce pas à son caractère « augural » et « sacré »xxiii ?

La question que pose Michel Deguy concerne, elle, plus précisément le sort à faire à cette croyance suspendue, à cette fable, qu’il s’agit de transmuer en dépôt ineffaçable. Parodiant le vers de Mallarmé, « Ces nymphes, je les veux perpétuer », le poète ne cesse d’en appeler à l’impérieuse nécessité, une fois les croyances suspendues, d’en conserver les reliques en pensée, à faire de La langue latine « notre Eurydice, en ce début du XXIe siècle »xxiv ; en sorte que chez lui la pratique d’une étymologie qu’il dit être plus pensive que savante participe un peu, comme c’était déjà le cas pour le Claudel du Traité de la connaissance, d’un souci d’activer le lexique, et ce faisant, de réactiver cet humus d’une memoria du latin qui ne demande qu’à jouer de son amphibologie, au plan lexical aussi bien que syntaxique , car cette « augmentation de la signifiance » concerne aussi la phrase, dont on sait que Deguy se fait le défenseur ; ainsi cette définition du poème, avec un jeu sur le double sens de proposition : amoureusement et logiquement : le poème fait des propositions

On peut aussi interroger dans la poésie de René Char, qui dit faire un métier de pointe, dans son « allégresse pensive », la trace de cette « étincelante mélancolie », de cette interrogation anxieuse sur l’origine, qui ne se confond en aucun cas avec la nostalgie d’une « culture posthume », mais bien avec le sentiment angoissé que le « puits « est à sec, ou pire « soustrait » : « Nous errons auprès de margelles dont on a retiré le puits »xxv ; le sentiment qu’il est impossible de ne pas se retourner, que le Jadis fait pression : Cur secessisti ? Comment la dire autrement qu’en latin cette phrase ? Char en fait le titre d’un poème de Fureur et Mystère, titre qu’il emprunte à l’inscription épigraphique d’une pierre tombale gallo-romaine exhumée par un labour (par parenthèse, titre aussi d’un morceau d’un album ultra hard de rock contemporain : où ne va pas se nicher l’esprit latin… ). La poésie de Char, cette poésie de saxifrage (ce mot composé doublement latin… ), peut non pas s’annexer le latin, lequel voisine, sans problème et sans complexe, comme il l’a toujours fait, avec une poétique du métissage — l’altérité est chez lui incluse, on pourrait dire, à l’origine—, mais s’en approprier la mémoire ; tel poème de La Bibliothèque est en feu témoigne de ce souci de ne pas tarir la source, que l’on ne saurait mettre au compte de je ne sais quelle nostalgie frileusement patrimoniale de l’origine, qui, comme l’avait déjà bien vu Montaigne, est de toute façon toujours perdue ; le poète entend ne pas se laisser priver des « dieux que nous avons en nous » ; Char le dit en des termes qu’aurait pu signer le poète Du Bellay, quand dans sa Deffense et Illustration de la Langue Française, il s’indigne que les Français ne sachent se montrer de « bons agriculteurs », à l’instar des Romains, cultivant le souci de leur langue : 

Où l’esprit ne déracine plus mais replante et soigne,
je nais…xxvi 

En somme, il y a chez ces poètes et écrivains encore marqués par le numen de la langue latine, le sentiment conscient ou pas, que la littérature, ne s’écrivant pas au présent, ne s’inscrit pas dans la flèche du temps, que l’héritage forcément un peu funèbre de la belle image orphique des membra diiecta poetae colle pour ainsi dire à la peau de l’écriture poétique ou que, pour le dire avec les mots du philologue et humaniste Valla, repris par Pascal Quignard, qui en fait la thèse maitresse de sa Rhétorique spéculativexxvii, la littérature fait des identités vivantes avec des identités mortes. Le latin, langue morte, et assumée comme telle, n’en finit pas de résonner, d’avertir, en une paradoxale survie dont écrivains et lecteurs sont les garants. « Volito vivos per ora virum » : « je vis et vole aux lèvres de vivants », dit fièrement le premier poète latin, Ennius ; oui, enfin,  « tant que la langue vivra », complèterait Flaubert, avec son pessimisme habituel, car — dit-il dans sa Correspondance , « j’écris non pour le lecteur d’aujourd’hui, mais pour tous les lecteurs qui pourront se présenter tant que la langue vivra », autrement dit, tant qu’elle ne sera pas ce que Chateaubriand dans la conclusion de ses Mémoires hallucine comme le cauchemar possible de la scène de demain : une langue devenue « pur langage de transaction commerciale », une langue française enseignée comme une énième langue vivante, bref le cauchemar d’une langue dans laquelle, parlant, je ne me souviendrai plus. Or parler — je ne dis pas  communiquer ! —, nous enseignent les philosophes, de Platon à Merleau-Ponty, c’est se souvenir et l’on se souvient d’abord dans la langue. Il se trouve que le latin, langue ancienne du français, et langue ancienne pour toujours (le temps n’éloigne pas une langue de son origine), reste particulièrement une affaire de poètes par sa capacité reconnue par eux de se faire langue à même de donner non le signe, mais la chose. C’est sans doute Montaigne, dans son très beau commentaire  Sur des vers de Virgile, qui a le mieux parlé, la « ruminant » avec gourmandise, de cette poésie latine qui « voit plus cler et plus outre dans la chose », en laquelle s’unissent consubstantiellement forme et sens ; il n’y aura pas plus juste formulation que la sienne pour dire cette langue « épaisse en figures »,  paroles « non plus de vent ains de chair et d’os.  Elles signifient plus qu’elles ne disent »xxviii. Formidable contrepoids à l’« humiliant jargon technique » des chevau-légers de la modernité…

Mais, et ce sera mon dernier point que, faute de temps, j’abrégerai en une vaste conclusion, il y va aussi avec cette vieille langue romaine d’un rapport avec la longue durée qui en fait tout simplement le media, le véhicule d’une formidable réserve de sens et de savoir ; surtout si l’on veut bien se souvenir, avec Marc Fumaroli, que la littérature, dans son acception première, n’est pas le contraire du mot science mais du mot ignorance.

Le destin de la langue françaisexxix

J’ignore quelles réponses seront apportées à la question qui nous occupe : L’esprit latin souffle-t-il encore sur la pensée ? En tout cas, il souffle, dans les ouvrages qui s’en réclament, essais historiques, littéraires ou philosophiques, colloques, par voie de conséquence… S’il s’agit de cette latinité compassée qui a sévi sans doute trop longtemps, dont l’écoute latine de Sainte-Beuve, de fait si peu académique, s’agaçait, apanage des petits espritsxxx, tout comme celle de Julien Gracq, dont le souci du latin ne se confond évidemment pas avec « le train-train des choses tranquilles et consacrées », bien sûr, il ne souffle plus et il faut s’en réjouir. Mais quelle étourderie, ou quelle mauvaise foi à ne pas donner sa juste et légitime place à un latin passeur de tant de savoirs et dont d’ailleurs les programmes restent substantiellement nourris. Car s’il s’était produit un changement de paradigme dans les études littéraires, on l’observerait dans le contenu des programmes, dans les sujets des concours et des thèses, dans la terminologie des outils critiques de l’analyse textuelle, laquelle reste étroitement inféodée à cette rhétorique des Lettres latines, nourries, compte tenu de leur essentielle secondarité, de l’héritage des Lettres grecques (utraque lingua, utraeque litterae).

Hannah Arendt, chez laquelle le paradigme latin est si fort, rappelle, dans La crise de la culture, comment et pourquoi le peuple romain est le premier à avoir pris la culture — mot évidemment qu’invente la langue latine— au sérieuxxxxi ; on souhaiterait aussi rappeler le constat, au cœur du roman d’Umberto Eco, Le nom de la Rose, que ce peuple est aussi, en Europe en tout cas, le premier qui peut se targuer d’être le champion de la traduction ; avec d’ailleurs une philosophie tout aussi originale qu’active de la traduction, inscrite dans l’étymologie même du mot trans-ducere, dont le dynamisme commande sans doute la richesse de ses synonymes (traducere, convertere, exprimere, explicare, reddere, imitari), lesquels semblent préfigurer l’éthos de cette « libre traduction » dont Yves Bonnefoy se fait aujourd’hui le chantre. Leopardi dans son Zilbadone (1821) rêvait, rêve d’ailleurs relayé par Valéry, quand il appelait à la création d’un Bureau d’état civil de la langue, d’un Dictionnaire européen de la pensée, qui « réunirait tous les mots signifiant avec précision une idée claire et précise commune à presque toutes les langues modernes évoluées ». Nul doute que l’on y trouverait à leur juste place ces mots qui ont fait la richesse du tissu mémoriel de l’Europe : culture, traduction, auteur, et ce mot cap, avec sa famille latine, que Derrida, ce philosophe qui « parle latin »xxxii, met au service de la rêverie active, linguistique, idéologique, d’une latinité, ouverte à L’autre Cap, ou au Cap de l’autre, évidemment délestée de tous les malentendus et captations d’héritagexxxiii.

Nous sommes effectivement sortis de la tradition classique, nous ne sommes pas pour autant sortis, avec la langue et la littérature, de la fertilisation opérée par le fleuve du temps. Et si nous convenons bien volontiers qu’une langue, par définition, « coule », ne se fixe pas — ce que Montaigne avait déjà souligné avec force — il faut affirmer avec la même force, entre autres avec Pascal Quignard, que la définition « littéraire » d’une langue, ou plus simplement encore la définition d’une langue de culture, n’est pas tout à fait celle des linguistes ; pour une langue de culture, « le temps ne fait rien à l’affaire », car le temps n’éloigne pas une langue de son origine, avons-nous déjà plaidé, aussi loin qu’en soit la source ! S’agissant d’une langue de culture, « le passé de la langue » n’en finit pas d’être redivivus ; et comment pourrait-il en être autrement si, pour en revenir à la définition de Pascal Quignard,  le littéraire est celui qui s’identifie au langage in germine ?

Or, dans le même temps où l’on aurait envie de dire à nos étudiants : soyez résolument modernes, faites du latin, une discipline qui assure la légitimité scientifique de votre cursus,  dans le même temps où ceux-là mêmes qui sont le plus soucieux de renouveler les Humanités rappellent avec force que « Les lettres modernes ne sont modernes qu’à la condition de ne pas oublier la dimension historique de leur objet »xxxiv, ce latin disparaît du CAPES de lettres modernes, devient optionnel à l’agrégation de lettres modernes ! Nous ne souhaitons pas revenir sur une polémique, soigneusement occultée par l’institution, dont l’étourderie ici aura été inexcusable ; seulement rappeler que l’optionnalisation du latin à l’agrégation de lettres modernes est un contresens qui va à rebours de l’esprit même qui a présidé, historiquement, à la création de cette agrégation, et au concept même de modernité. Au regard de l’histoire de cette discipline qu’est le français, l’existence désormais d’une agrégation de lettres modernes où l’on peut faire l’économie d’un latin, qui innerve à ce point tout le tissu linguistique et littéraire, est une de ces bizarreries imputables aux caprices ou aux défaillances de l’intellect qu’évoquait naguère Valéry, une curiosité

Sans doute « on ne se coule plus », comme disait Sainte-Beuve, à ne plus savoir de latin,  mais s’il est vrai, comme le disent les linguistes, que « nous sommes tous latinistes sans le savoir », il serait souhaitable qu’en aient une connaissance raisonnable ceux qui enseignent le français et sa littérature, à un moment où il est plus que jamais nécessaire de ressaisir la spécificité de l’identité littéraire d’un enseignement toujours menacé de ce « rituel technique », dont Jacques Lacan soulignait, avec une lucidité prophétique, combien « il s’accroît à mesure de la dégradation des objectifs »… La question, bien sûr, se pose : combien de temps, encore, « le sous-entendu » latin  sera-t-il compris ? Combien de temps, encore, pourra-t-on, à la façon de Francis Ponge, que je cite, « oser être assez fort pour être d’avant-garde et amoureux des anciens ? Chez les écrivains que j’ai évoqués, j’y insiste, l’aura du latin voisine avec un esprit de résistance qui se refuse à tout embaumement stérile du passé, en même temps qu’il assume, avec un « esprit net xxxv» l’héritage latin, un héritage dépourvu d’œillères comme d’inutile nostalgie.

L’affaire importante du latin, débarrassée des vieux oripeaux dont on voudrait encore, ici et là, l’affubler, engage, bien au-delà de notre colloque, une responsabilité historique et politique. Aussi, voudrais-je, pour conclure, donner la parole à un écrivain, chantre de la modernité, et même de la postmodernité, dont le propos paraît aujourd’hui (ironie de l’histoire ?) plus efficacement iconoclaste qu’il ne l’a été dans le passé, lorsqu’il faisait chorus avec ceux d’un Bourdieu, par ailleurs moins fâché qu’on a bien voulu le dire avec les langues anciennes… Il s’agit de Philippe Sollers. Dans le dernier numéro de sa revue, L’infini, il évoque, en un vibrant éloge, le destin de la langue française, soulignant justement ce qui fait d’elle une langue mémorielle (« cette petite langue descend à une profondeur qui n’a pas été pensée »), et il conclut avec ces mots, dont on aurait aimé sans doute qu’il les prononçât plus tôt :

Ah, s’il y avait une langue française encore capable de se souvenir du latin et du grec. N’espérez rien de vivable sans latin et sans grec. Sans eux impossible d’accueillir les autres traditions. Je suis bien obligé de vous avouer que c’est le latin et le grec qui me font tenir debout. La possibilité nouvelle de la langue française implique de revoir en priorité ce qu’elle doit au latin et au grec. À défaut le français ne peut s’ouvrir qu’à sa néantisation.xxxvi 



i . Cette intervention reprend certaines des analyses développées dans deux articles précédents : « Quand le mort saisit le vif », in Enseigner les Humanités, Paris, Éditions Kimé, 2010, p.157-173. Julien Gracq et le souci du latin, revue Esprit, Paris, janvier 2011, p. 78-89. Texte rédigé à l’occasion des cérémonies du centenaire de l’écrivain, qui se sont déroulées au lycée Henri IV, où Julien Gracq avait été étudiant en Classes Préparatoires littéraires.

ii. Michel Foucault, Dits et Écrits, Tome I, 1954-1964, Gallimard, Paris, p. 426.

iii. Identité littéraire de l’Europe, sous la direction de M. Fumaroli, Y. Bonnefoy, H. Weinrich et M. Zink, Paris, PUF.

iv . Michel Deguy, L’expérience pensive du poème, dans Pensées pour le nouveau siècle, Paris, Fayard, 2008, p. 230

v . Bernard Cerquiglini, Une langue orpheline, Paris, Les Éditions de Minuit, 2007.

vi . Jacqueline Dangel, Histoire de la langue latine, Paris, PUF, 1995, en particulier le chapitre III, Ars grammatica : De la langue au style, p. 93.

vii. Julien Gracq et le souci du latin, article cité, p. 81, note 16.

viii . Cité par Yves Hersant, dans Critique, juin-juillet 2007, 721-722, Pascal Quignard, Le latin sur le bout de la langue, p. 453.

ix . Francis Ponge, Pour un Malherbe, Paris, Gallimard, 1965, p. 210.

x . Julien Gracq, Lettrines II, Paris José Corti, 1983, p. 94.

xi . Julien Gracq, En lisant en écrivant, Paris, José Corti, 1980, p. 254.

xii . Ce sentiment est encore celui dont fait état Édouard Glissant, quand il souligne qu’il a appris le français non « comme une langue vivante, mais comme une langue morte », L’imaginaire des langues, Gallimard, 2010, p. 117.

xiii. Julien Gracq, article cité, p. 84.

xiv . Patrick Amstutz, Rêver sa langue : L’ « Énéide » de Klossowski, Studi Francesi, numéro 124, 1998, p. 94-95.

xv . Michel Foucault, op. cit., p. 426.

xvi. Pierre Klossowvski, Le Bain de Diane, Paris, Gallimard, 1980, p. 8.

xvii. Yves Bonnefoy, L’Arrière-pays, Paris, Poésie/Gallimard, 2003, p. 107-127.

xviii. George Steiner, Passions impunies, Paris, Folio/Essais, Gallimard, 1996, p. 139.

xix . Romantisme, numéro 113, année 2001, volume 31, p. 199.

xx . Carlo Ossola, L’avenir de nos origines, Paris, Éditions Jérôme Million, 2004, p. 364.

xxi . Julien Gracq, Carnets du grand chemin, José Corti, 1992, p.299

xxii. Yves Bonnefoy, L’Italie et la Grèce, (1987), dans Entretiens sur la poésie, Paris, Mercure de France, 1990, p. 348-349.

xxiii. Yves Bonnefoy, Quelques livres qui ont compté (1990), ibid., p. 330.

xxiv . Michel Deguy, op. cit., p. 230.

xxv . René Char, Fureur et mystère. Feuillets d’Hypnos, Œuvres complètes, Paris, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1983, p. 197.

xxvi. René Char, La bibliothèque est en feu et autres poèmes, op. cit., p. 381.

xxvii . Pascal Quignard, Rhétorique spéculative, Paris, Calmann-Lévy, 1995.

xxviii . Montaigne, Les Essais, Edition de Pierre Villey, 4ème édition, Quadrige/PUF, 2002, Livre III, Chapitre V, p. 873.

xxix . Philippe Sollers, L’infini, numéro 116, automne 2011, Destin du français, Entretien de Ligne de risque avec Philippe Sollers, p. 40-53.

xxx . Cecilia Suzzoni, Sainte-Beuve et « L’air du temps » dans Mes poisons, Revue Nord, Sainte-Beuve, numéro 53-avril 2009, p.98.

xxxi . Hannah Arendt, La crise de la culture, Paris, Folio/Essais, Gallimard 1972, p. 271-272.

xxxii . Jacques Derrida, Politique de l’amitié, Paris, Éditions Galilée, 1994, p. 107.

xxxiii . Jacques Derrida, L’autre cap, dans Europes. De l’Antiquité au XXe siècle. Anthologie critique et commentée, Yves Hersant, Fabienne Durand-Bogaert, Paris, Collection Bouquins, Robert Laffont, 2000, p. 515.

xxxiv . Pierre Judet de La Combe et Heinz Wismann, L’avenir des langues. Repenser les Humanités, Paris, Les Éditions du Cerf, 2004, p. 220.

xxxv . Carlo Ossola, op. cit., citant Gabriel Hanotaux : « Rome a ramassé dans l’unité finale, l’héritage de toute l’Antiquité et, avec son esprit net, elle en a fait l’héritage latin », p. 255.

xxxvi . L’infini, article cité, ASME standards p. 53.



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- Auteur : Cécilia Suzzoni, Lycée Henri IV
- Titre : De l’aura spécifique du latin chez quelques écrivains contemporains
- Date de publication : 14-05-2012
- Publication : Revue Silène. Centre de recherches en littérature et poétique comparées de Paris Ouest-Nanterre-La Défense
- Adresse originale (URL) : http://www.revue-silene.comf/index.php?sp=comm&comm_id=106
- ISSN 2105-2816