La Muse antimoderne
La Béatrice de Dante dans la culture bourgeoise
de la fin du dix-neuvième siècle M.A., Ph.D., University of Birmingham, UK, Department of Italian Quand Béatrice accueille le « poète errant sur la lisière des saintes demeures » (Nerval ), elle est habillée en blanc, rouge et vert, les couleurs des vérités théologales: Sovra candido vel cinta d’uliva Donna m’apparve, sotto verde manto Vestita di color di fiamma viva. (Purg. XXX, 31-33) (« Couronnée d’olivier sur un voile blanc/M’apparut une dame, sous un vert manteau,/Vêtue des couleurs de la flamme vive. », trad. Jacqueline Risset) Pendant les années 1890, le blanc, le rouge et le vert sont désormais depuis environ trente ans les couleurs du drapeau italien. Déjà en 1840, quand en plein Risorgimento une équipe anglo-italienne avait retrouvé dans le Bargello de Florence un portrait de Dante prétendument peint par Giotto, on avait remarqué que ce jeune Dante était habillé, comme Béatrice, avec les couleurs de l’Italie : une coïncidence intéressante, qui retraçait une généalogie autant fictive que suggestive pour le Tricolore des révolutionnaires. Et de même que, depuis l’unification de l’Italie en 1861, Dante était unanimement considéré comme le poète national par excellence et que les célébrations pour le sixième centenaire de sa naissance en 1865 avaient été une sorte d’épreuve générale d’unification culturelle de la Péninsule, de même on essaye, à l’approche du sixième centenaire de la mort de Béatrice en 1890, de voir la bien-aimée du poète comme la candidate idéale pour le rôle de «Marianne» de la nouvelle nation. >>> Lire tout l'article ___________________________________________________ - Auteur : Fabio Camilletti
- Titre : La Muse antimoderne - Date de publication : 07-10-2007 - Publication : Revue Silène. Centre de recherches en littérature et poétique comparées de Paris Ouest-Nanterre-La Défense - Adresse originale (URL) : http://www.revue-silene.comf/index.php?sp=liv&livre_id=93 - ISSN 2105-2816 |